La destruction d’Atlantis

Période : de -1500 à -1100 av. J.-C

Jeudi 20 novembre 2008, par Pierre // Chroniques d’Actapolis

L’Histoire d’Atlantis est le fruit de deux péchés (hybris), l’un commis par un roi mortel, l’autre par un dieu immortel.

Il y a bien longtemps, Zeus demanda aux deux frères titans, Prométhée (« le prévoyant ») et Epiméthée (« qui réfléchit après coup ») de façonner les animaux terrestres. Zeus confia une motte d’argile à Prométhée, qui la sculpta pour donner ainsi forme aux animaux. Epiméthée leur distribuait ensuite des dons : griffes pour certains, carapaces pour d’autres, ailes, venin, autant d’attribut leur permettant de survivre dans la nature. Mais lorsque Prométhée eu sculpté l’Homme, sa plus belle création, faite à son image, son frère lui annonça qu’il avait déjà distribué tous les dons. L’Homme était condamné à n’avoir aucun talent. Prométhée ne voulu pas laisser mourir sa création : il vola aux Dieux le Feu pour le donner aux hommes. Grâce au Feu, les hommes allaient découvrir la vie en société, la métallurgie, les arts… et finalement devenir le plus talentueux des animaux terrestres.

Prométhée entra en conflit avec Zeus. Non seulement il avait volé le feu, mais de plus il savait qu’une personne renverserait un jour Zeus, et il refusait de dévoiler qui. Zeus, par vengeance, fit enchaîner Prométhée sur le mont Caucase pour y avoir chaque jour le foie dévoré par un aigle. Héraclès le délivra au cours de ses douze travaux mais pour ne pas déroger au serment de Zeus qui avait juré que le Titan resterait à jamais enchaîné au Caucase, Prométhée dut porter durant toute sa vie une bague de fer provenant de ses chaînes, enchâssée d’un morceau de pierre du Caucase.

Prométhée devint plus tard immortel grâce au centaure Chiron : celui-ci, blessé accidentellement par les flèches empoisonnées d’Héraclès, ne supportant plus la souffrance mais ne pouvant ni guérir ni mourir, troqua son immortalité contre sa mortalité.

Prométhée fut invité avec son frère à la Cour du roi Hactaros et de sa femme Atlanta. Souverains de la petite île d’Atlantis, ces derniers voulaient profiter de sa présence pour l’apitoyer et lui soutirer des connaissances.

Ectarus, le fils unique du couple, était en effet mort d’une malformation cardiaque quelques heures après sa naissance. Atlanta pleura tellement la mort de son fils que ses yeux devinrent rouges, et qu’elle transmis ce trait à toute sa descendance. Hactaros demanda à Prométhée de lui transmettre sa science, pour lui permettre de ressusciter son petit garçon.

Prométhée refusa de l’aider dans cette entreprise contre nature. Il dit au roi : « Je pourrais certes t’enseigner davantage de sciences, mais cela te coûterait ton âme… ».

Hactaros était un grand roi et un grand homme de science, mais la sagesse lui faisait défaut. Ce qui était un avertissement, il le pris comme une proposition de pacte.

Aidé de tous les scientifiques et magiciens d’Atlantis, il confectionna la « pierre d’âme », un cristal capable d’emprisonner l’âme humaine.

Hactaros passa une dernière nuit avec sa femme, pendant laquelle il conçut un héritier. Puis au matin, il se planta la pierre dans le cœur, siège de l’âme humaine. Il alla alors trouver Prométhée accompagné de ses scribes. Il demanda au Titan de respecter son serment, puis s’arracha la « pierre d’âme » du cœur pour la lui donner.

Le Titan, conscient qu’il faisait une erreur, était néanmoins tenu par son serment. A genoux face à lui, le jeune roi agonisait. Prométhée se mit à lui enseigner de nouvelles connaissances, que les scribes du roi notaient consciencieusement.

Hactaros trouva la force d’interrompre Prométhée pour lui demander comment ramener son fils, mais ce dernier lui rétorqua qu’il n’avait pas précisé quels savoirs il était tenu de dévoiler. Hactaros fut terrassé par la douleur et le désespoir, et mourut.

Atlanta accoucha d’un second fils, qui devint le roi Atlante 1er dit le Sans Cœur. Doté d’une ambition démesurée et d’un total mépris pour la vie humaine, ce dernier mobilisa sa population pour produire et conquérir. Le peuple d’Atlantis connut les pires conditions d’existence de son histoire, mais son sacrifice permit de bâtir les fondements d’une civilisation grandiose.

Grâce aux enseignements de Prométhée, le royaume était capable d’utiliser des matériaux inconnus tels que l’orichalque, le « métal qui flotte ». Rapidement, une armada de navires en orichalque fut construite. Les atlantes devinrent un peuple de scientifiques et de pirates, dont l’invincible armada pilla toute la méditerranée.

Au fil des générations, les Atlantes renoncèrent à honorer les Dieux. Pourquoi implorer Poséidon alors que l’on dispose de navires insubmersibles ? Pourquoi implorer Athéna et Arès alors qu’une armée invincible nous protège ? Pourquoi honorer Apollon Hélios lorsque l’on sait créer une lumière artificielle ?

Le seul Dieu dont le culte se maintint fut celui des deux frères Titans. Epiméthée resta vivre auprès des atlantes chez qui il put mener une vie oisive. Mais Prométhée, horrifié par la tournure que prenait les événements, se mit en colère et quitta l’île.

Les rois atlantes continuèrent cependant à honorer Prométhée. En tant que source de leur pouvoir, mais aussi car il ne leur avait toujours pas dévoilé le secret qu’Hactaros convoitait : l’immortalité. Cette quête était au centre de leur culte, la mort étant la seule frontière qui les différenciait des dieux.

Lors de leur rite funéraire : au cour d’une grandiose cérémonie, la pierre d’âme était enfoncée dans le cœur du roi fraîchement défunt, pour que son âme rejoigne celle des anciens rois, et soit ainsi offerte au Titan.

En quelques siècles, la puissance de l’Atlantide avait dépassé toute commune mesure. Des navires en orichalque parcouraient le monde, pillant tout sur leur passage, et même les plus grands rois devaient s’acquitter d’un impôt en esclaves et en ressources. A défaut de pouvoir être un dieu immortel, le souverain d’Atlantis s’était proclamé « Maître du Monde ».

Les dieux de l’Olympe punirent les atlantes en élaborant un plan machiavélique : Pandore (« qui a les dons de tous ») fut créée sur l’ordre de Zeus. Elle fut ainsi fabriquée dans de l’argile par Héphaïstos ; Athéna lui donna ensuite la vie, lui apprit l’habilité manuelle et l’habilla ; Aphrodite lui donna la beauté ; Apollon le talent musical, enfin Hermès lui apprît le mensonge et l’art de la persuasion.

Zeus offrit la main de Pandore à Épiméthée. Bien qu’il eut promis à Prométhée de refuser les cadeaux venant de Zeus, Épiméthée accepta Pandore. Pandore apporta dans ses bagages une boîte mystérieuse contenant tous les maux de l’humanité, notamment la Vieillesse, la Maladie, la Guerre, la Famine, la Misère, la Folie, le Vice, la Tromperie et la Passion, ainsi que l’ Espérance. Cette boîte, il lui fut interdit de l’ouvrir, mais les Dieux savaient que sa curiosité finirait par prendre le dessus.

Athéna compris cependant que la punition ne visait pas seulement les Atlantes, mais l’ensemble des Hommes. Soucieuse de donner une seconde chance aux hommes et de protéger les innocents, elle alla trouver le roi d’Athènes, Artas le Borgne, et lui ordonna de diriger une expédition pour combattre les Atlantes et leur prendre la boîte de Pandore avant qu’elle ne soit ouverte.

Sous la pression d’Athéna, la Cité d’Athènes s’allia provisoirement avec toutes les grandes Cités hellènes, telles que Sparte, Corinthe, Argos, et Thèbes. La mobilisation générale fut ordonnée, et tous les citoyens en âge de combattre répondirent à l’appel. Ce fut la plus grande armée jamais rassemblée avant la guerre de Troie.

C’est ainsi que des milliers de Trières hellènes partirent à l’assaut de l’invincible flotte Atlante. Le combat naval fut brutal et sans pitié. On raconte que la mer toute entière se teinta de rouge.

Avec seulement 100 navires d’orichalques, les Atlantes tenaient la dragée haute à la flotte de leurs envahisseurs, mais submergés par le nombre, ils ne pouvaient pas les empêcher de débarquer à Atlantis.

Le roi Artas débarqua sur l’île avec plusieurs milliers d’hommes. Ils entrèrent à Atlantis, massacrant et brûlant tout dans la Cité. Malgré les richesses incroyables des Atlantes, Artas ordonna à ses hommes de tout détruire et de ne rien récupérer. Toute l’expédition aurait été réduite à néant si l’un de ses hommes s’était approprié la boîte de Pandore et l’avait ouverte.

L’armée d’Artas fut mise à mal par la garde du palais royal. Blessé lui-même par une flèche d’orichalque, le roi d’Athènes pria Athéna de lui venir en aide. Il jura que son âme ne trouverait pas le repos tant que la Pierre d’âme et la boîte de Pandore ne seraient pas détruites.

Dans la salle du trône Atlante, Artas tua de ses mains Xenopol, le Maître du Monde. Epiméthée regarda le combat, et pris la décision de laisser les humains régler leurs comptes. Mais quand Artas voulu prendre la Pierre d’âme, Epiméthée s’interposa, car elle appartenait à son frère. Il pris la Pierre et la donna à sa femme Pandore pour qu’elle la mette en lieu sûr.

Prise de panique, Pandore oublia qu’elle ne devait jamais ouvrir sa boîte, et voulu y mettre la Pierre. Dès que la boîte fut entrouverte, les Maux du monde commencèrent à s’échapper. Pandore et Epiméthée furent touchés par la Vieillesse et par la Maladie et moururent. Avant d’être terrassé par tous les Maux, Artas se précipita et réussit à refermer la boîte, laissant l’Espérance prisonnière de la boîte aux côtés de la Pierre d’âme.

La Folie se répandit sur l’île, les scientifiques se mirent à pratiquer des expériences irraisonnées, les machines Atlantes se déréglèrent, des miasmes et des fumées toxiques se répandirent pendant que les habitations s’effondraient.

Une gigantesque explosion retentit, dont la force fut telle qu’elle fut entendue de Troie jusqu’à Ithaque. La croûte terrestre se déchira, et laissa s’engouffrer la mer sous la forme d’un terrible ras de marée.

« Dans l’espace d’un seul jour et d’une nuit terribles, toute votre armée athénienne fut engloutie d’un seul coup sous la terre et, de même, l’île Atlantide s’abîma dans la mer et disparut » (Platon – récit du Timée)

Dans les ruines de la Cité engloutie, subsistait une petite boîte. Cette boîte contenait une jeune divinité appelée Espérance, et une pierre contenant l’âme des anciens tyrans atlantes. Pendant un millénaire, ils discutèrent. Influencée par ses seuls interlocuteurs, l’Espérance se transforma. Elle ne fut plus l’Espérance des Hommes, mais l’Espérance des anciens rois. Ces rois qui n’aspiraient à rien d’autre qu’à la vengeance…

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