L’hybris (péché) originel atlante

Période : vers -1500 av. J.-C

Jeudi 20 novembre 2008, par Pierre // Chroniques d’Actapolis

Avant même la guerre de Troie et l’émergence des Cités grecques, la civilisation mycénienne dominait l’est de la méditerranée. L’un de ses princes était un aventurier sans précédent, et répondait au nom d’Hactaros.

Ayant affrété une flotte de dix navires de guerre, Hactaros explora la méditerranée, conquis de nombreuses provinces, et commerça jusqu’en Asie mineur. Sa fortune grandit, mais sa soif de pouvoir restait inassouvie, le poussant sans cesse à s’aventurer plus loin.

Son expédition s’arrêta pourtant brusquement lorsque, au grés d’une simple escale de ravitaillement, il rencontra l’amour.

Elle s’appelait Atlanta, reine des Atalantes, le peuple de femmes guerrières que les grecs surnommèrent plus tard Amazones. Conformément à ses traditions, elle ne faisait rien pour se mettre en valeur, mais sa beauté était naturelle : un rien l’habillait et tous ses gestes étaient emplis de grâce et de majesté.

Hactaros parvint à séduire la belle, mais la Loi des Amazones empêchait leur union. La reine assurait la fonction religieuse de Grande Prêtresse d’Artémis, représentante mortelle de la déesse, vierge et insoumise face aux hommes. Sur les conseils d’Atlanta, Hactaros alla consulter l’Oracle de Delphes sur l’éventualité d’une union. La Pythie prononça une terrible sentence : « de la profanation de la prêtresse d’Artémis ne ressortira qu’une descendance sans cœur ». Mais ayant décidé à l’avance qu’il ne se soumettrait pas aux prédictions, Hactaros s’était versé de la cire dans les oreilles et ne les écouta pas. La prédiction fut couchée sur manuscrit par un scribe et scellée dans une enveloppe. De retour auprès de sa bien aimée, il lui déclara que les dieux étaient favorables à leur union, et l’épousa.

La rencontre des deux souverains provoqua la rencontre de deux peuples : les mercenaires mycéniens et les guerrières amazones s’unirent et formèrent une Cité qu’Hactaros baptisa « Atlantis » en hommage à sa femme.

Atlanta tomba enceinte. Hactaros décida que si l’enfant était un garçon, il s’appellerait Atlante, en hommage à la fois à sa mère et à sa Cité.

L’accouchement fut difficile, au point que les médecins vinrent trouver le roi pour lui demander s’ils devaient sauver la mère ou l’enfant. La naissance dans la douleur de l’héritier au trône était le pire des présages. Hactaros ne comprenant pas pourquoi le sort s’en prenait à lui, décida de consulter les prédictions de l’Oracle. Horrifié par ce qu’il lu, il couru au chevet de sa femme et supplia les médecins de la sauver. L’enfant fut extrait, mort, dénué de cœur.

Hactaros organisa des funérailles, et donna un nom à son enfant sans vie : Ectarus. En ancien mycénien ce nom signifiait « père indigne », mais dans le langage courant atlante, ce mot fut synonyme de « sans-cœur » ou de « maudit ».

La santé de la reine Atlanta s’améliora, mais son cœur était inconsolable. Elle pleura la mort de son enfant pendant une année. Un jour, ses larmes cessèrent brusquement de couler : non pas qu’elle fut apaisée, mais parce que son corps était devenu incapable de pleurer. Ses yeux devinrent rouges, un trait qu’elle transmit à toute sa descendance…

Répondre à cet article