Doros

La bataille d’Argos

Lundi 27 avril 2009, par Alexf // Chroniques d’Actapolis

Veille de la bataille opposant Argos à Sparte : Doros s’adresse à Brigomaglos.

« Doros est-ce là toute ta reconnaissance ? Voilà quinze années que je veille sur toi, depuis ce jour funeste où tes parents ont péri dans cet incendie. Je t’ai enseigné tout ce que tu sais, j’ai fais de toi un homme, un officier de talent et un guerrier redoutable ! J’ai été dur parfois sévère avec toi mais je t’ai aussi apporté mon affection et tu as aujourd’hui dans mon cœur la même place que Cléandre mon fils de sang ! Les Dieux m’en soient témoins ! Alors comment peux tu comment ose tu venir ici chez moi, dans ma propre demeure pour m’accuser ainsi ! M’accuser de trahison ! Ce que j’ai fait je l’ai fait pour elle pour Argos ! »

« Brigomaglos mon ami, mon père…tu as trahi ta Cité même si tu refuse de te l’avouer. Tu as payé les prêtres de Delphes pour qu’au nom d’Apollon ils assurent au tyran une victoire future sur Sparte ! Anéantissant ainsi tout espoir d’entente entre nos deux peuples ! Ta haine pour Sparte a-t-elle brouillé ta vue, t’empêche-t-elle de réfléchir ? Enfin quoi Brigomaglos ne comprends tu pas que tu as condamné chaque soldat de cette armée à la mort ?! Les spartiates ne feront qu’une bouchée de nous, ils sont plus nombreux et mieux entrainés, nos hommes sont terrifiés à l’idée de les affronter ! Quoi ? Tu te demande comment j’ai eu vent de ta trahison ? Un prêtre vrai fidèle d’Apollon m’a fait parvenir un message. Oh mais pas d’inquiétude je n’ai rien dis au tyran. Cléandre non plus n’est pas au courant. Au tyran je n’ai rien dis car il est déjà trop tard l’armée est en marche. A Cléandre je n’ai rien dis car le chagrin le tuerait. Pourquoi ? Tu as trahi Argos, tu as trahi Apollon ! Tu as scellé ton destin car le Dieu de lumière ne laissera pas l’affront impuni. Demain la mort fauchera nos rangs, peut être mourrais je, c’est pourquoi je suis la. J’avais envisagé de te tuer mais les hommes comptent sur toi demain c’est pourquoi je n’en ferai rien. Mais que ce soit bien clair tu n’es plus rien pour moi, ne m’adresse plus jamais la parole sans quoi je t’arracherai la langue ! Fais preuve de décence et trouve une mort honorable demain ! »

 AU MATIN AVANT LA BATAILLE

Un esclave entre dans la tente de Doros :

« Mon seigneur, pardonnez moi mais vous devriez venir voir dehors ! »

« Qu’y a-t-il ?demande Doros en sortant »

Devant lui un homme à genoux pleure, il porte une robe d’Apollon.

« Seigneur, je suis prêtre d’Apollon, le temple a été saccagé et les vierges emmenées captives. »

« Combien d’hommes ? Combien de temps ? »

« Cinq hommes, le soleil venait juste de se lever. »

« Ils sont à pied ? »

« Oui sir. »

Doros retourne dans la tente et lorsqu’il reparait il tient un glaive dans la main droite et deux javelots dans la gauche.

« Ectelios, helios avec moi à vos chevaux ! »

Aussitôt les soldats s’exécutent et les voilà au galop.

« Plus vite, plus vite s’ils regagnent leur camp s’en est fini. Les prisonniers doivent les ralentir nous avons une chance ! hurle Doros. Et il a raison le temple est dépassé de quelques kilomètres quand les spartiates sont en vu. Les imbéciles se sont arrêtés pour profiter des vierges ! »

« Les lâches s’enfuient ! » crie Doros.

Rapidement à portée Doros et ses hommes font voler les javelots. Déjà deux hommes à terre ! Bon début pense Doros mais cela semble trop facile se dit il alors que son dernier javelot se fiche dans la gorge d’un crétin qui avait posé ses armes contre un arbre pour violer tranquillement une fille. Celui-ci s’écroule s’étouffant dans son propre sang.

« Stupides prêtre ! Confondre des spartiates avec de vulgaires bandits. »

Néanmoins les prêtresses sont sauvées mais certaines ne pourront plus servir Apollon, autant les emmener au camp. Ramenons le butin au temple ! ordonne Doros alors qu’Helios se démène pour retirer un javelot des côtes d’un cadavre.

Une fois au temple un râle attire l’attention de notre héros, un prêtre est là agonisant.

« De l’eau, pitié. »

Doros prend une coupe la remplie de vin et la tend au prêtre.

« Ca fera l’affaire gémit le prêtre. Tout en s’efforçant d’en renverser le moins possible Apollon est reconnaissant, Il boit malgré tes secrets. Il grimace de douleur puis son regard se durcit. Demain la bataille sera sanglante, peu survivront parmi les tiens, personne n’est à l’abri de la mort, mais quand tout semblera perdu sois attentif aux signes du dieu soleil, regarde autour de toi et saisi toi du présent d’Apollon ! Puis si tu survis défend son honneur et il veillera sur toi ! »

Le gobelet frappe le sol, le prêtre est mort laissant Doros troublé…

 LA BATAILLE

La voix de Brigomaglos résonne dans les rangs « Fils d’Argos ! Là bas, les spartiates ! Chiens affamés de carnages ! Ils veulent nous voir à genoux ! Allons-nous accepter de courber l’échine ? De leur jeter en pâture nos terres, nos biens ? Non ! Il faut se battre ! ». Des cris résonnent mais si peu…

Doros s’avance alors sur son char, son armure réverbérant les éclats du soleil, puis défilant devant l’armée : « Quoi ? C’est tout ? Auriez-vous peur ? C’est que vous connaissez les spartiates alors ! Regardez votre voisin de droite, lui ou vous périra ici ! Alors que faire ? Fuir ? Trouver un trou où se terrer ? Et ainsi abandonner vos familles, vos amis, Argos ? Tout ce que nos ancêtres ont bâtis ?! Et bien fuyez ! Qu’attendez-vous ?! Mais quand votre heure sera venu et que vous parcourrez les enfers, que direz- vous à vos parents, à vos camarades tombés ici ? Pourrez-vous supporter leurs regards ? Lâches voilà comment on vous nommera et cela pour l’éternité ! Alors mes frères, allons nous fuir ? Ou nous battre ici au grand jour, sous les ovations des dieux ! La mort est douce à qui s’est couvert de gloire ! On chantera vos noms, contera les exploits de ceux qui ont préférés mourir en hommes plutôt que de vivre en lâches ! Alors avec moi mes frères, montrons à ces pédérastes comment meurent les fils d’Argos ! Faisons leur payer le prix du sang !!! ».

Les vois des soldats s’élèvent alors pour faire chorus « Mourir en homme libre plutôt que vivre en lâche, Mourir en homme libre… », les lances raisonnent contre les boucliers.

C’est le moment ils sont prêts « En avant » ordonne Brigomaglos et la masse ivre de rage s’élance. Et sparte fait de même. Les armées s’entrechoquent, le fracas des armes résonnent, l’odeur du sang se répand bien vite et fait tourner la tête aux combattants. Les lancent percent, les glaives tranchent et les boucliers se brisent ! Les chars traversent les rangs, semant la mort les officiers recherchent des adversaires dignes d’eux. Les soldats s’écartent sur le passage de Doros tandis qu’un char vient à sa rencontre « Je suis Leonidas » s’écrie le spartiate.

« Je suis Doros » lui répond notre héros tout en faisant siffler son javelot, mais Leonidas est rapide et de son bouclier il dévie le trait meurtrier. Sa réponse ne se fait pas attendre, Doros voit fuser le javelot, trop tard, il se sent perdu et se surprend à fermer les yeux « ça va piquer ! » ! Rien ! Pas d’impact ! Le projectile ne lui était pas destiné et c’est Philios son conducteur qui est fauché. Celui-ci s’écroule le javelot fiché en pleine poitrine entrainant les rênes dans sa chute ce qui fait prendre aux chevaux un virage en angle droit. C’est trop brusque ! Doros est éjecté ! Pas le temps de réagir, le voilà qui s’écrase au sol soulevant ainsi un nuage de poussière. Le goût de la terre dans la bouche, le fils d’Argos crache et se relève, sa vue est brouillée, le son des chevaux au galop se fait plus pressant, il revient finir le travail ! Là ! Un soldat gît sur le sol ! Dans quel camp est il ? Impossible de voir, trop de poussière ! Seul importe les javelot qui déborde de son estomac ! Doros court, le char sur les talons ! Il saisit le javelot, le soldat hurle de douleur il était vivant ! Pas le temps de s’en préoccuper, il faut faire face ! Il se retourne, la bataille a soulevé un véritable brouillard, son ennemi n’est plus qu’une masse informe qui se distingue à peine. Tant pis, il lance, on verra bien. Les dieux sont généreux ! Le coup transpercé l’une des montures s’affale ! Les autres suivent, et le char exécute un arc de cercle au dessus des bêtes pour venir se fracasser devant Doros ! Galvanisé, il dégaine son glaive et s’élance ! Un homme à genoux, il semble choqué, s’était le conducteur, la lame plonge dans la gorge, ses yeux s’ouvriront désormais sur l’enfer. Alors que le malheureux s’effondre dans un gémissement plaintif, Léonidas se relève « Dilios ! Noooooooooooon !!! ». Quelque chose ne va pas , le spartiate est couvert de sang, son état devrait lui interdire tout mouvement mais il fond sur lui tel un rapace sur sa proie ! Coup d’estoc ! Doros esquive la pique, mais ce coup n’était qu’une diversion il le sait. La véritable attaque vient après, en l’espèce c’est un coup de pied, pffffff pense Doros, il encaissera aisément, après tout lui a une armure ! Pas comme ce spartiate vêtu d’une simple cape rouge, crétin arrogant ! Ils exposent leurs corps pour prouver leur courage, mais ils semblent confondre cette notion avec la stupidité ! Pourtant le choc est violent ! Trop violent ! L’officier a l’impression d’avoir reçu une charge de taureau de plein fouet ! Le voilà qui s’élève sur près de six mètres puis roule sur deux de plus faisant chuter d’autres combattants ! Douleur ! Souffle coupé ! Côtes cassées ?! « Il va me massacrer ! » pense tout haut le guerrier. Et voila qu’un des ses hommes tombe devant lui une lance plantée en plein crâne ! Elle lui était destinée il le sait ! Le soldat l’a involontairement protégé ! Inespéré ! Trop mal impossible de se relever pour le moment, et l’autre qui revient ! Il a ramassé un glaive, « Où est le mien ? Maudit ! » le spartiate le tient en main… « C’est fini, perdu…Maudit ! », mais voilà que les paroles du prêtre résonnent dans sa tête, il regarde le soleil puis autour de lui. A seulement trois pas une masse brille de mille feux ! Il rampe jusqu’à elle, un bouclier ! D’or et d’argent ! Il semble avoir capturé le soleil ! Pas le temps de s’extasier, l’ombre de Leonidas s’étend au dessus de lui ! Le héros s’empare du bouclier et le faisant passer par-dessus lui frappe en direction des jambes. Le glaive résonne sur le bouclier mais pas assez fort pour couvrir le hurlement de douleur ! Le spartiate s’écroule littéralement, le genou droit brisé. Doros rampe au dessus de son ennemi, premier coup de bouclier pour dévier à nouveau le glaive, second coup pour tuer. Il frappe en direction de la gorge, le bouclier s’abat, la vie de Leonidas s’échappe. Douleur ! Tranchant du glaive entre les côtes ! « Maudit tu t’es battu jusqu’au bout ! », Doros s’étend à son tour.

Cris de joie ! Un duel remporté pour Argos ! Mais bien vite il s’éteint car le héros ne se relève pas. La tête lui tourne mais il voit, partout Sparte avance, Argos recule et meurt, bientôt il sera submergé. Les voilà qui arrivent, c’est fini « Mourir au combat ? Pourquoi pas. Adieu fils, Adieu femme, Adieu mes frères… ». Des visages spartiates le dominent une lance s’approche de sa gorge, ils s’écroulent ! Percutés par une meute de guerriers d’Argos ! Ils sont venus au secours de leur chef ! Mélange de fierté et de reconnaissance Doros se met sur ses genoux rassemblant pour se faire toutes ses forces malgré l’abominable douleur. Il retire le glaive avec un râle, et se relève. Ses hommes sont submergés et meurent, pour lui… Douleur ! Ses poings se crispent sur le glaive et le bouclier ! Douleur ?! Non haine !!! Elle le submerge, faisant trembler chacun de ses muscles ! Plus de douleur seulement la haine, il charge. Déjà une lance fuse vers son visage, trop lent, il la dévie du bouclier et emporte le visage de son adversaire d’un coup de glaive. Il le dépasse en trombe, ses nouveaux assaillants semblent éblouis, pourtant le soleil est dans leur dos, non ! Apollon beigne le bouclier de Doros de sa lumière et pour les spartiates c’est comme si le soleil lui-même les assaillait, celui-ci brûle les pupilles et les voici aveugles ! A droite il brise une nuque avec son bouclier, à gauche il ampute un homme de son bras, en face d’un coup de casque il transforme un visage en bouillie rougeâtre ! C’est tellement facile ! Ont-ils toujours été aussi faibles se demande Doros, si lent ? C’est comme si tout autour de lui le monde était au ralenti, et cinq hommes de plus en font les frais ! Voilà qu’un espace se creuse entre lui et ses ennemis, ils ont peur ?! Derrière un homme le saisit au bras, il frappe ! Un bouclier résonne, Cléandre est là, il aurait pu le tuer ! Il dit quelque chose, trop de bruit, tout résonne dans sa tête ! Puis ça se calme « Arrête tu as perdu la tête ?! Il faut se replier ! ». Se replier ? Il est fou ! « Non ! Ils reculent écrasons les ! » Hurle Doros. D’autres soldats rejoignent Cléandre mais les spartiates n’approchent pas, « Regarde autour de toi ! Regarde-toi ! Tu es au seuil de la mort ! ».

Quoi ? Que raconte-t-il ? Et pourtant, lorsque Doros regarde autour pour un spartiate au sol on peut compter quatre fils d’Argos sans vie. Cela lui avait échappé ? Il baisse les yeux sur ses mains, bouclier, glaive, poings, tout dégouline de sang, celui de ses ennemis mais aussi le sien ! Il est couvert de plaies et un javelot traverse sa cuisse de part en part ! Quand, comment, sa rage l’a-t-elle aveuglé au point d’oublier jusqu’à la douleur même ?! Pourtant il est encore là ce besoin de tuer ! De briser ! Il veut s’élancer à nouveau mais « Laissez-moi ! Traîtres ! Lâches ! Maudits ! », voilà que ses propres soldats s’emparent de lui ! Il ne s’y attendait pas ! N’a pas pu réagir ! Tente de se débattre et son heaume roule au sol son panache autrefois blanc désormais rouge comme le sang ! Ses cheveux blonds servent désormais de prise à ses assaillants ! Ses yeux verts scrutent ceux de Cléandre, celui-ci lui arrache son bouclier ! Le saisit à deux mains comme un plat puis…il ne va pas oser ?

Plus rien.

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